Une étude récente menée par le CNRS révèle d’importantes disparités dans l’accès à l’apprentissage en entreprise pour certaines catégories de jeunes, en particulier les étudiantes voilées, malgré des qualifications et parcours scolaires équivalents.
Cette recherche, réalisée par des chercheurs universitaires du CNRS en collaboration avec une data analyste, a été conduite dans le cadre de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur (Ondes). Elle soulève des questions cruciales concernant l’égalité des chances dans le milieu professionnel.
Le port du voile : un frein majeur à l’accès à l’apprentissage
L’étude met en lumière que le port du voile constitue désormais un facteur de discrimination à l’embauche, réduisant de manière significative les opportunités des femmes voilées. Selon les résultats, une femme portant le voile verrait ses chances de décrocher un entretien pour un contrat d’apprentissage diminuer de 80 % par rapport à une candidate non voilée.
Les chercheurs ont envoyé des CV fictifs de jeunes femmes voilées et non voilées, ayant des qualifications et des expériences identiques, portant des noms à consonance française ou maghrébine. Parmi ces candidatures figurent des noms comme Sofia Cherif, Yasmine Saïdi, Sara Belkacem, Nadia Ali, Emma Martin, Léa Bernard, Manon Durand, et Clara Richard.
Ces candidatures ont été adressées à 2 000 PME parisiennes sélectionnées au hasard dans la base de données de l’Insee. Malgré des profils similaires, les résultats montrent que le port du voile réduit de 80 % les chances d’obtenir une réponse favorable ou une convocation à un entretien.
Le voile augmente de 25 % les réponses négatives
L’étude révèle également une augmentation de 25 % des réponses négatives pour les femmes voilées. Bien que le port du voile ne soit pas interdit dans le secteur privé, sauf stipulation contraire dans un règlement intérieur, les chiffres confirment que cela influe sur la perception des recruteurs.
Pour les candidates d’origine française, le port du voile fait augmenter le taux de réponses négatives à 25 %, contre 21,1 % pour celles d’origine maghrébine. En ce qui concerne les propositions d’entretiens, les femmes voilées d’origine française ont 81,4 % moins de chances d’en décrocher, contre 84,9 % pour les candidates d’origine maghrébine.
Les chercheurs précisent que l’apprentissage constitue une voie majeure d’accès à l’emploi en France, ce qui rend ces disparités encore plus préoccupantes.