Sidi Ould Tah, président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), a récemment annoncé sa candidature à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), devenant ainsi le dernier à se déclarer pour ce poste. Cette candidature, longtemps murie, pourrait bouleverser les équilibres dans cette course stratégique.
Figure bien connue de l’écosystème financier africain, Sidi Ould Tah est à la tête de la BADEA depuis 2015. Sous sa direction, cette institution a connu une transformation significative, devenant un acteur central du financement des économies africaines. Ancien ministre de l’Économie de la Mauritanie, Ould Tah a modernisé la BADEA, diversifiant ses investissements et multipliant son impact. Alors que l’institution se concentrait au départ sur des financements publics modestes, elle a atteint en 2023 un engagement record de 2,2 milliards de dollars. Cette performance a été rendue possible grâce à une augmentation de capital spectaculaire, passant de 4,2 à 20 milliards de dollars en 2022, un bond de 376 %, salué par ses 18 actionnaires issus de la Ligue des États arabes.
En janvier 2024, la BADEA a franchi un nouveau cap en émettant son premier eurobond de 500 millions d’euros, à un taux compétitif de 3,75 %. Cette initiative témoigne de la volonté de l’institution d’attirer davantage de ressources pour soutenir les secteurs prioritaires du continent.
Le parcours de Sidi Ould Tah est celui d’un homme d’expérience internationale, avec une solide expertise économique et financière. Diplômé de l’Université de Nice-Sophia-Antipolis en sciences économiques, il a débuté sa carrière à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, avant de s’illustrer dans des fonctions stratégiques à Nouakchott, puis à l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Khartoum. Il a poursuivi son ascension à la Banque islamique de développement en Arabie saoudite, avant de revenir en Mauritanie où il a occupé des postes ministériels.
À la BADEA, il a lancé un plan stratégique ambitieux à l’horizon 2030, axé sur le développement des infrastructures, le renforcement des chaînes de valeur agricoles, le soutien au commerce et aux PME, ainsi que l’accompagnement du secteur privé. En décembre 2024, il a dévoilé un plan quinquennal historique d’un montant de 18,375 milliards de dollars, soit une hausse de 120 % par rapport au précédent. Ce programme vise à moderniser les infrastructures, industrialiser le continent et promouvoir l’entrepreneuriat africain.
Ce parcours impressionnant fait de Sidi Ould Tah un candidat de poids pour la présidence de la BAD, dont l’élection se tiendra lors de l’Assemblée annuelle de 2025, prévue le 29 mai à Abidjan, en Côte d’Ivoire.