Un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) se tiendra ce lundi 16 décembre à Yaoundé. Cet événement survient alors que la région fait face à des « signaux d’alerte préoccupants », notamment des « dérapages et des défaillances dans la mise en œuvre des réformes recommandées », selon l’organisation. Une situation qui pourrait nuire au décaissement d’appuis budgétaires du FMI pour plusieurs pays membres.

Les six chefs d’État des pays de la Cemac, ainsi qu’une délégation de haut niveau du FMI, composée de Geneviève Verdier, cheffe de mission pour la Cemac, et Abebe Selassie, directeur du département Afrique de l’organisation, participeront au sommet à Yaoundé.

Alors que les discussions se dérouleront dans un contexte de préoccupation économique, la Cemac met en lumière l’augmentation de la dette publique des États membres. Certains pays, comme le Congo, font face à des difficultés budgétaires majeures, avec une dette frôlant les 100 % du PIB et des arriérés internes importants. Le Congo a même dû rééchelonner ses remboursements de dette, ce qui souligne la difficulté à gérer cette situation. Cédric Jiongo, spécialiste de la Cemac chez Sikafinance, explique : « Le pays a du mal à gérer son endettement actuel. »

L’organisation régionale signale également une dégradation probable du solde budgétaire à moyen terme, alimentée par des déficits croissants, notamment au Gabon. Ce dernier fait face à un déséquilibre où les dépenses publiques augmentent plus rapidement que les investissements, avec des besoins de financement importants en raison des échéances de remboursement de la dette. Malgré les réformes en cours, certains défis persistent, précise Cédric Jiongo.

Un autre point d’inquiétude pour la Cemac concerne les réserves de change, qui pourraient descendre à trois mois au lieu des cinq recommandés, fragilisant ainsi les banques. Bien que la dévaluation ne soit pas envisagée pour le moment, des mesures fortes et concertées seront nécessaires pour surmonter cette période difficile, alerte l’organisation.

D’un point de vue politique, ce sommet marque également un retour sur la scène internationale pour le président Paul Biya. Après un long séjour à l’étranger, alimenté par des rumeurs sur son état de santé, le président camerounais pourrait faire sa première apparition publique depuis son retour le 21 octobre dernier, en tant qu’hôte de ce sommet. Initialement prévu à Bangui, le sommet a été transféré à Yaoundé après que le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, président en exercice de la Cemac, ait accepté de céder l’organisation au Cameroun.

Depuis son retour, Paul Biya a privilégié la discrétion, ponctuée de quelques apparitions publiques, souvent liées à des audiences officielles diffusées à la télévision nationale. Même lors du 42e anniversaire de son accession à la présidence, le 6 novembre, il est resté silencieux, sans prendre la parole.