Alors que 2024 touche à sa fin, les Béninois s’interrogent sur la promesse de réconciliation faite par le Président Patrice Talon en décembre 2023. Lors d’un entretien exclusif, Talon avait évoqué l’idée d’un rituel traditionnel africain, le « Atchakpodji », sous l’arbre à palabre, pour mettre un terme symbolique au différend l’opposant à l’ex-président Boni Yayi. Cette initiative, annoncée comme un geste historique, reste pourtant en suspens près d’un an après. La question demeure : ce rituel verra-t-il le jour en 2024, ou faudra-t-il attendre 2025, une année déjà chargée de préparatifs pour les élections générales de 2026 ?

Un conflit aux répercussions nationales

En décembre 2023, Talon avait précisé que le conflit entre lui et Yayi relevait davantage de l’ordre personnel, même s’il avait pris une dimension politique majeure. Ancien soutien de Yayi, Talon a décrit leur querelle comme une « tragédie comique » qui, bien que divertissante pour certains, a suscité des inquiétudes au sein de la population. Selon lui, l’initiative de réconciliation était venue de l’ex-président Yayi, qui aurait manifesté un désir de rapprochement malgré les divergences passées.

L’idée du « Atchakpodji » visait donc à sceller ce rapprochement à travers un rituel symbolique, offrant un espace de dialogue franc pour clore ce chapitre de l’histoire politique. Cependant, un an plus tard, aucune action concrète n’a été entreprise pour concrétiser cette proposition, laissant les observateurs dubitatifs quant à la possibilité d’une réconciliation effective.

2024 s’achève, et le calendrier électoral pèse

À l’approche de la fin de l’année, les chances de voir se réaliser cet acte de réconciliation s’amenuisent. Bien que Talon ait exprimé sa disponibilité pour ce geste symbolique, une réponse claire de Boni Yayi se fait toujours attendre. En tant que leader du parti Les Démocrates, Yayi reste silencieux, laissant planer des doutes quant à sa réelle volonté de participer à cet Atchakpodji. Son implication serait pourtant essentielle pour donner un élan au processus.

De plus, 2025 s’annonce comme une année décisive pour le Bénin, marquée par les préparatifs des élections générales de 2026. Avec un agenda politique dominé par la gestion de la transition électorale, les priorités de Talon risquent de se concentrer davantage sur les enjeux électoraux et le renforcement de sa majorité présidentielle. Dans un tel contexte, le rituel de réconciliation pourrait bien être relégué au second plan, faute de temps et de disponibilité des protagonistes.

2025, une année de choix stratégiques

Si le « Atchakpodji » ne se concrétise pas en 2024, la fenêtre pour cet acte symbolique pourrait se réduire encore davantage en 2025, au cœur des manœuvres électorales. Le climat politique sera alors tourné vers les stratégies et alliances nécessaires pour aborder les élections de 2026, reléguant la réconciliation à une priorité secondaire.

Le temps presse et, avec les échéances politiques à venir, l’espoir de voir ce rituel de réconciliation se concrétiser s’amenuise. En l’absence de signes clairs de la part des deux anciens alliés, l’initiative du « Atchakpodji » pourrait bien rester un symbole inachevé dans l’histoire politique du Bénin, un rêve de réconciliation dont le moment semble toujours reporté.